Pour la plupart des motards, le bruit de leur moto est un élément distinctif. Il est synonyme de signe d’appartenance. Pour certains, le bruit de l’échappement serait aussi un élément de sécurité, puisqu’il permettrait aux motards de se faire entendre et donc d’être repérable par les autres usagers. Pourtant, le bruit des motos peut vite devenir gênant pour les autres conducteurs. Il devient alors légitime de se questionner sur la législation en vigueur concernant la nuisance sonore autorisée et sur les sanctions envisagées.
La plupart du temps, le motard se différencie par le bruit de son pot d’échappement. Il aime le bruit que véhicule sa moto et aime que les autres l’entendent. À ce propos, les débats entre motards sont souvent animés sur la question du bruit des pots d’échappement. Beaucoup évoquent l’aspect agréable du « beau bruit » de leur bécane. Ils parlent de pot « qui va bien » pour distinguer un pot modifié d’un pot d’origine. Certains motards investissent beaucoup de temps et d’argent sur leur moto. Ils changent des pièces pour les rendre plus originales, plus performantes ou plus bruyantes. Le motard est souvent passionné et passe du temps à chouchouter et embellir sa moto pour qu’elle soit encore plus à son image et qu’elle se différencie du groupe. En effet, au-delà du plaisir que procure l’engin, les motards ont pour habitude de faire des virées en groupe et ont un véritable sentiment d’appartenance à leur confrérie. Qui n’a jamais vu des motards se saluer alors qu’ils ne se connaissent pas ? Avoir une moto, c’est se sentir libre, passer partout et aller plus vite que la plupart des véhicules en circulation. C’est aussi se distinguer par son style, son bruit et parfois même son look. Même si ces « codes » ne gênent pas les motards, la nuisance sonore des motos peut parfois agacer certains usagers de la route, et devenir gênante pour la circulation. Nous avons tous déjà eu marre du bruit des motos. Vacarme dans les rues avec la résonance du pot d’échappement, ou excès de Zèle en doublant, nous avons tous sursauté au moins une fois à l’approche d’une moto un peu trop bruyante.
On entend souvent dire par les motards, qu’il est indispensable que leur moto fasse un « gros bruit » pour la sécurité des autres véhicules. À l’ origine, une moto se doit de faire du bruit pour être audible par son propriétaire et non pour le plaisir des oreilles. Une fois installé, le pilote se situe sur la partie avant de sa moto et donc au-dessus du pot d’échappement dont la sortie est en sens inverse du pilote. De plus, le port du casque moto et le bruit dû à la vitesse et au vent atténuent aussi la perception du bruit. C’est pourquoi le son doit être plus bruyant qu’une voiture pour être entendu par le motard prioritairement.
La conception des motos est aussi une raison indissociable du bruit qu’elles font. L’échappement d’une moto est différent d’une voiture. En effet, une voiture dispose de chicanes anti-bruit contrairement à la moto. De plus, le moteur d’une voiture est enfermé dans un compartiment anti-bruit, qui n’existe pas sur les motos. La différence de taille de l’échappement entre une voiture et une moto aura aussi pour effet de rendre plus brayant l’échappement des motos. En moyenne, une voiture a un échappement de 4,5 m contre 1,5 m pour une moto.
Un bruit qui provient de l’arrière alors que la moto se dirige vers l’avant. Une moto produit donc du bruit à cause de sa conception, mais aussi pour la sécurité de son propriétaire. Mais comme nous l’avons expliqué précédemment, le bruit de la moto provient de l’arrière et se dirige vers l’arrière alors que la moto roule vers l’avant. De ce fait, en circulation, le motard est perçu au moment où il dépasse et rarement avant. Ceci a donc très peu d’impact sur la sécurité routière, et, avoir un pot augmentant le bruit de sa moto n’aidera pas à être mieux entendu par les véhicules se situant devant. La Roumanie a récemment mené une étude à ce sujet, et il en résulte qu’à « 15 mètres de distance, un automobiliste ne peut pas entendre le bruit d'échappement d'une moto. À 10 mètres le son est perceptible, mais la fréquence est si basse qu'il est impossible pour l'oreille humaine d'identifier la provenance du son. Au final, l'étude montre que le conducteur ne prend conscience de la présence de la moto grâce au bruit de l'échappement que lorsque celle-ci est à sa hauteur, ce qui est donc bien trop tard pour l'avertir. Selon les chercheurs qui ont mené l'étude, il faudrait que le silencieux émette 135 dB pour être entendu et perçu à 15 mètres de distance, des valeurs bien supérieures aux échappements, aussi non homologués et full bordel. » Le bruit seul n’est donc pas un argument de sécurité suffisant pour augmenter le bruit de sa moto. Une moto doit faire du bruit c’est essentiel, mais ça ne doit pas être dans l’excès. Le pot d’origine suffit à circuler et à conduire avec une nuisance sonore acceptable et suffisante pour le conducteur. Concernant la sécurité de la route, il ne suffit pas de se reposer seulement sur le bruit de sa moto, d’autres facteurs sont indispensables pour être un motard prudent et responsable.
On retrouve des articles de loi concernant le bruit des véhicules à moteur dans le code de la route (article R318- 3) mais aussi dans le code de la santé publique pour les nuisances sonores répétées (articles R1336- 4 à R1336-10), mais aussi dans le code pénal (R623-2). La loi sur le bruit des motos stipule que le volume sonore autorisé est identique pour toutes les motos, soit de 80 dB, dans les conditions de mesure de réception en dynamique (à 50km/h). Or, il est difficile de mettre en application cette mesure, c’est pourquoi en réalité, le contrôle est réalisé avec un autre type de mesure : la réception statique. Elle s‘effectue avec un sonomètre à une distance d’environ 50 cm du pot et avec un angle de 45 degrés. Pour être juste, la mesure doit être prise à l’arrêt et avec un régime de puissance à 50% du maximum. Cela correspond à valeur indiquée dans la case U2 de la carte grise. Cependant, avec un régime de puissance à plus de 50% du maximum, le niveau sonore peut dépasser les 80 dB sans dépasser la limite fixée sur la carte grise. Tout en sachant que la carte grise est elle-même soumise à une marge de tolérance de 5 dB. Pour savoir si votre moto fait trop de bruit, vous pouvez donc effectuer un test en suivant les mesures énoncées précédemment, avec un sonomètre.
D'ailleurs, à Paris, le bruit des motos a été en pleine discussion. La capitale souhaitait interdire la circulation des motos thermiques la nuit, entre 22H et 7H le lendemain. Projet rejeté, pour le plus grand plaisir des motards.
Le motard soumis à un contrôle pour nuisance sonore risque ;
Dans certains cas, il peut arriver que les forces de l’ordre demandent une vérification de l’engin par un service de contrôle sonore. Si le motard refuse, il peut se faire sanctionner. Si nécessaire, le propriétaire aura 30 jours pour faire les modifications nécessaires et représenter son véhicule conforme pour pouvoir l’utiliser.
En réalité, les sanctions sont difficilement applicables. Même si la mise en place du radar méduse dans la région parisienne détecterait les motos trop bruyantes, il est encore difficile pour les agents de police de juger du dépassement de la nuisance sonore des motos. Le manque d’équipement en est le premier facteur. Il ne faut cependant pas négliger les amendes possibles pour le motard, qui, avec l’utilisation d’un pot d’échappement non homologué sur la route, risque une amende de 5ème classe. La conduite en tribunal de police serait la peine maximale, avec un montant déterminé par le juge ne pouvant excéder 1 500 euros. Dans le pire des cas, le motard ayant un accident de la route causant des blessés ou des morts et ayant un pot d’échappement non homologué n’est pas couvert pas son assurance. Aux yeux de la loi, ce serait une circonstance aggravante pour le conducteur. Malgré la législation en vigueur, le contrôle sonore des deux roues reste faible. Cela ne justifie pas le non-respect de la loi seulement pour le plaisir des oreilles. En effet, les conséquences peuvent être lourdes autant sur les sanctions que sur les dommages causés aux autres usagers de la route. Fini le « loud pipes save lifes » des années 70.
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